La Fauconnerie dans le temps
Des origines de la fauconnerie à la naissance de l'ANFA
La fauconnerie ou chasse au vol semble bien trouver son origine sur les hauts plateaux d'Asie Centrale, dans des régions où, maintenant encore, se rencontre la plus grande concentration naturelle d'oiseaux de proie aptes à être affaîtés (dressés).
- Les Kirghizes, nomades et chasseurs, pourraient bien avoir été jadis les premiers fauconniers. La documentation la plus ancienne que nous possédions sur la fauconnerie date d'il y a… 35 siècles.
- L'usage s'en est petit à petit propagé tant vers l'orient que vers l'occident. On notera que le monde antique grec et latin a connaissance de cet art sans le pratiquer. Une plaque de ceinturon gallo-romain évoque la chasse au vol. Ce n'est que vers le VIIème siècle que le monde arabe la découvre. Les celtes et les gaulois l'ont apprise des germains par les grandes invasions.
- C'est au Moyen Age que l'on voit vraiment se développer la fauconnerie dans tous les pays d'Europe, et, en France, c'est le premier âge d'or. Selon les périodes et les régions elle fut largement pratiquée par tous, ou, au contraire, l'expression jalouse de la noblesse, voire privilège royal.
- La technique s'affine peu à peu, grâce en particulier à l'usage du " leurre " et du " chaperon " rapportés d'Orient par les croisés en 1247. Puis apparaît le plus riche et le plus célèbre traité de fauconnerie d'Occident " De arte venandi cum avibus " de l'Empereur Frédéric Il de Hohenstauffen. Les rois de France ont toujours eu des équipages de vol et la plupart d'entre eux ont effectivement pratiqué sur le terrain. Les renseignements les plus précis ne remontent qu'au XIIIème siècle. A cette époque, et jusqu'au début du XVème, le responsable des équipages royaux portait le titre de fauconnier maître; sous Charles VI, on sépara les services de la vénerie et de la fauconnerie en créant, en 1406, la charge de grand fauconnier de France qui subsista jusqu'à la Révolution.
- Sous Louis XIII, fauconnier dans l'âme, cet art connaît son apogée et son second âge d'or; la fauconnerie française est la première dans le monde, tant par l'éclat de ses équipages que par sa technique. En 1616, la fauconnerie du roi comporte 300 oiseaux subdivisés en six équipages spécialisés : Vol pour le héron, vol pour milan et corneille, vol pour perdrix, etc. Raffinements et subtilités permettent des prouesses. Les oiseaux volent de compagnie (en équipe), chacun tenant un rôle distinct ! Le charmant et talentueux historiographe de ces chasses est Charles d'Arcussia de Caprée, vicomte d'Esparron de Pallières, à qui nous devons, outre un passionnant traité, la "conférence des fauconniers ".
- Peu à peu, au XVIIème et XVIIIéme siècles, la fauconnerie va passer de mode avec le développement des armes à feu. Louis XIV, Louis XV et Louis XVI sont plus veneurs que fauconniers mais les services de la Fauconnerie Royale subsistent jusqu'à la Révolution durant laquelle deux décrets de la Convention vont supprimer tant les charges royales de la fauconnerie que toute pratique de cet art trop évocateur du passé.
- Napoléon, qui ne fut pas un grand chasseur, créa les services impériaux de vénerie et de fauconnerie surtout dans un souci de prestige. En fait, la chasse au vol sera officiellement inexistante au XIXème siècle puisque ne figurant pas parmi les modes de chasse autorisés; la loi de police de 1844 continua de l'ignorer.
- Le flambeau sera néanmoins repris par quelques originaux et amateurs éclairés, dont certains aristocrates, anciens émigrés qui avaient rapporté de l'étranger l'amour de la chasse au vol et surent le transmettre. Cette pratique ignorée des règlements ne fut guère contestée, d'autant que les rapaces, depuis la Révolution, figuraient au bestiaire des nuisibles. En 1865, Napoléon III donne même au " Club de Champagne " une autorisation officielle de voler au champs à Châlons, mais l'essai se termina en 1870 avec la chute de l'empire.
- La renaissance de la fauconnerie en France est due, à la fin de la 2ème guerre mondiale, au compagnon périgourdain Abel BOYER, entouré de quelques amis ; ensemble ils fondent l'ANFA, ils redécouvrent et vulgarisent les techniques de la chasse au vol et entreprennent des efforts pour la reconnaissance légale de ce mode de chasse, obtenue en 1954.
- L'ANFA, qui a fêté son cinquantenaire en 1995, regroupe environ 300 membres dont une centaine d'équipages actifs. Elle a pour objet la conservation de l'art de la chasse au vol en France et la protection des rapaces ; elle est, de fait, la gardienne des plus nobles traditions de 15 siècles de fauconnerie française, véritable patrimoine culturel avec un langage, un savoir- faire et un sens de l'esthétique sans lequel cet art perdrait son âme.